Comment voyager? Voiture, bus, avion, vélo, cheval, pick-up, paquebot, camping-car, ferry?

En 15000 kilomètres parcourus au Chili et en Argentine, nous avons rencontré bien des voyageurs, et bien des styles d’aventure. Petit bilan pour ceux qui préparent le voyage, ou ceux, plus nombreux, qui ne le préparent pas tout en y pensant. Garder à l’esprit la loi universelle du voyage, selon laquelle la quantité de rencontres est inversement proportionnelle au carré de la vitesse du voyageur, hémisphère austral compris.

Commençons par notre façon de voyager. Nous voulions être totalement libres de nos mouvements et indépendants des bus ou avions, et ne pas nous imposer des dates par des réservations prises en avance. Aussi nous avons loué une voiture à Santiago du Chili, pour 3 mois et demi, et l’avons ramenée à Santiago. Nous l’avons louée auprès d’un loueur local, Backup Cars, géré par Santiago Vergara (http://www.backupcars.cl/index.php).

Santiago a été parfait. Nous lui avons décrit notre besoin, une voiture capable de faire le grand tour Chili Argentine, du nord au sud, et pouvant transporter facilement deux vélos et nos bagages consistants. Santiago Vergara a acheté une voiture neuve qui va bien pour ce programme ! Une Fiat Qubo, qui débarrassée de ses sièges arrière, offre un volume important. On fait et défait nos bagages en un tournemain. Idéalement un diesel aurait été préférable à notre essence, car le gas-oil est ici moins cher et le moteur généralement plus puissant, ce qui dans ces régions montagneuses nous aurait épargné des grimpettes poussives. Un 4×4 n’a rien d’indispensable, sauf si on est prêt à payer 3 fois plus cher plus de confort sur des pistes gondolées, trouées. Nous n’avons renoncé qu’une seule fois à cause de notre 2 roues motrices lambda, il s’agissait du Parque Nevado Cruces. Un bémol, le passage de la frontière Chili Argentine (nous en sommes à quatre passages), est pénible dans tous les cas, mais particulièrement avec un véhicule de location. Chacun de ces pays semble détester les transferts commerciaux, la location d’un véhicule faisant partie des transferts. D’où papiers, tampons, puis tampons, et encore tampons. Un vrai savoir-faire ici, le tampon, avec encrier, pose-tampon normalisé, et épreuve du coup de tampon comptant coefficient 10 à l’examen de douanier. Dernier bémol, la gestion du carburant, gare à la panne! Les stations peuvent être très éloignées, voire à sec. Comme il n’y a pas d’informations sur leur localisation, indispensable de manier tout le vocabulaire nécessaire à interroger les gens qui savent, le dernier pompiste rencontré, ou Madame Michu d’ici. Enfin le ripio et les travaux ne sont pas une partie de plaisir. Ceci dit la voiture s’avère extrêmement souple, et grâce à elle nous sommes passés presque partout ….

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Enfin nos vélos sont formidables quand on rayonne autour de points d’étape! Nous les avons achetés à notre arrivée à Santiago du Chili, dans la Calle San Diego, la rue des boutiques vélo à Santiago, 125000CLP pour 2 VTT basiques. Revendus à l’un de nos hôtes, Léo, au départ vers Paris.

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Nous avons rencontré des allemands qui, pour un programme équivalent, avaient loué un 4×4 à Buenos Aires. Ils ont eu les pires déboires. Une semaine d’attente du véhicule pour commencer (véhicule pas là !), puis rupture de la transmission, réparation une semaine, puis casse moteur … Ils ont exigé un changement de véhicule, ne l’ont pas obtenu du loueur. Ils ont donc abandonné cette location, perdu l’argent engagé, et reloué ailleurs en Argentine. Notre expérience et nos lectures est qu’il est très préférable de louer au Chili, et l’éviter en Argentine. Les gens paraissent plus sérieux au Chili qu’en Argentine où une promesse ne vaut rien, et la gestion des paiements y est mille fois plus simple qu’en Argentine.

Les jeunes et beaucoup de moins jeunes préfèrent le bus … moins cher, et presque universel ici. Les petits, les grands bus, les courtes distances, les longues distances, même les couchettes. Tout existe en relative abondance. Les bus longues distances, « cama« , « semi-cama« , sont réguliers et fréquents. Pas mal de Français rencontrés qui font toute l’Amérique du Sud comme cela, les trouvent très confortables, au moins pour la catégorie supérieure: plusieurs chauffeurs, un steewart en haut, un steewart en bas… La méthode n’est pas sans risques, deux couples nous ont dit s’être fait voler argent, cartes de crédit et papiers dans les bus. Précautions sérieuses à prendre.

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Beaucoup couplent avion, bus, taxi et location de voiture. Cela demande une très bonne organisation car tout implique d’étudier offres, horaires, contrats, etc. via des liaisons Wi-Fi qui fonctionnent plus ou moins bien… mais les gens qui font cela trouvent que c’est la bonne méthode. Surtout ceux qui n’ont que quelques petites semaines. L’avion survole les déserts, c’est très pratique … Mais eux n’ont ni vélos, ni matériel de montagne, ni canne à pêche, ni forcément envie de tailler la route comme nous.

Ceux qui ont énormément de temps réussissent à voyager avec leur camping-car. Cette méthode se défend bien pour sa souplesse totale, aucun besoin de gérer ses hébergements. Un casse-tête en période de vacances dans les secteurs de vacances overcrowded, comme le grand sud ou les régions des lacs, des deux côtés. Ceux-là amènent leur camping-car d’Europe, plutôt d’Anvers, en passant par le Canada, ou par Buenos-Aires, ou Montevideo pour ceux que nous avons rencontrés. Cela demande une belle anticipation car les places sont rares et chères. On a rencontré des gens qui étaient passés par la Compagnie Grimaldi, http://www.grimaldi.napoli.it/fr/index.html. Apparemment plus facile d’ailleurs de passer les frontières en Amérique du Sud avec son camping-car français qu’avec un véhicule de location. Certains roulent avec le camping-car de monsieur Tout-le monde.

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D’autres se coltinent de véritables tanks, conçus pour faire le tour de la lune sans ravitaillement. Plutôt germaniques ces derniers, mais pas seulement. On a croisé des allemands qui s’étaient fait dévaliser leur panzer dans le nord du Chili, conscients que leurs voleurs les avaient vus venir de loin.

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D’autres louent des véhicules chez le très connu et très fun loueur australien, wickedcampers, (http://wickedsouthamerica.com/v3/). Véhicules très voyants, genre Peace & Love sont en voyage.

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Il y a la méthode vélo longue distance. C’est un choix !Il doit y avoir des déconvenues. Au volcan Lanin, nous avons rencontré un jeune québécois qui prévoyait de descendre à Ushuaia, soit plus de 2000 kilomètres devant lui, dont un bon tiers de ripio, et une bonne moitié de désert. Or il avait déjà du faire à pied une bonne partie des premiers kilomètres de ripio menant au Lanin, ses pneus en 32 s’enlisant dans le sable. Qu’est-il devenu? D’autres plus aguerris transportent 40 kg de matériel, montent leur tente dans la cour des hospedaje, ou sur la banquette qui longe la route. On a rencontré un couple de français de plus de 60 ans avec des vélos bien usagés pour faire la route. Ce serait un cauchemar pour beaucoup, mais ils étaient parfaitement heureux, ils « disfrutaient ».

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On a rencontré aussi Agnès, une française qui, après avoir fait la carretera austral avec son mari, jusqu’à rejoindre El Calafate en Argentine, est restée seule pour faire la Bolivie et le Norte Chico au Chili, en vélo !!! Désarmante de simplicité et d’efficacité, avec un excellent vélo, elle force notre admiration!  Pour une première expérience mieux vaudrait se limiter à moins de 1000/1500 kilomètres, de préférence avec un super bon vélo, comme Agnès, ou Jan ce hollandais, qui avait une selle suspendue, des gros pneus mixtes, un cadre carbone, des pédales mixtes, et tout qui va bien, dont les jambes. Mais 1000 kilomètres, c’est court ici. Dans tous les cas il y a des régions insensées, suicidaires, pour le vélo comme la Ruta 40 dans le nord et le sud de l’Argentine, ou l’Atacama au Chili, totalement désertiques, brulées de soleil, dépourvues de toutes ressources sur des distances abominables. Enfin les cartes routières sont sommaires.

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Pour tous il y a une option importante à prendre dans le sud Chili, entre Puerto Montt et Puerto Natales, car il est très difficile de ne pas traverser au moins un bras de mer. C’est d’ailleurs un plaisir! Nous avons choisi de passer de Quellon, au sud de Chiloé, à Puerto Cisnès par un ferry de Naviera Austral, nous laissant beaucoup de route. C’était parfait. Mais il y a aussi l’option Puerto Montt à Puerto Natales par le ferry de Navimag, quatre jours de croisère dans les canaux glacés de Patagonie. Pas mal de voyageurs rencontrés allaient le faire.

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Il pourrait aussi y avoir le trek équitation. A Cochrane, dans le sud Chili, un couple de jeunes français avait rendez-vous avec un éleveur pour lui acheter trois chevaux. Ils comptaient remonter au Pérou avec leurs montures, disons 3000 ou 4000 kilomètres. Ce projet nous a paru le plus délirant de tout ce qu’on a rencontré. Des gens très sérieux, connaissant visiblement bien le sujet cheval. Mais par où passer ??? Comment gérer les chevaux ??? On ne connaîtra pas l’issue de ce projet. Avis aux amateurs !

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Pourquoi ne pas voyager à la chilienne ou à l’argentine ? Cela nécessite un bon gros pick-up, le plus gros possible. La méthode consiste à prendre les matelas de la maison et à les emmener … dans la résidence de vacances, cahute ou tente, tout y rentre. Quelques sangles, un peu d’adresse, le tour est joué, c’est parti !

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Enfin, comment ferons nous notre prochain voyage??? Nous pourrions nous payer une version luxueuse, où nous n’aurions rien à faire, ni réserver, ni conduire, ni courir, ni même faire de blog, c’est déjà fait! A bord du Star Princess, ou du Ruby Princess par exemple.On a vu ce dernier appareiller de Valparaiso, sous la lune, … joli! (http://www.crucerosonline.cl/princess-cruises/star-princess/id/5390229–sa/fiche.html)

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Hasta pronto!

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Jean et Marie TOURRES

pour le bus, on confirme qu il faut être vigilant pour ses affaires, nous nous sommes fait voler deux sacs à dos quasiment sous notre nez. Etes vous rentrés dans vos pénates?

Martine Blanchet

Bravo d’avoir réussi dans les meilleures conditions ce voyage que vous vouliez « non-organisé ».
Très amusante cette synthèse du mode de transport …..et quelle bonne pub pour la Fiat Qubo!
Je comprends que vous n’avez plus de voiture, plus de vélos…….vous devez doncêtre tout près de la salle d’embarquement……………

JPR

Bon, si j’ai bien compris, il faut que j’abandonne l’idée de faire tout ça à pied, façon Compostelle!
Sérieusement: bravo à vous deux d’avoir SU boucler la boucle sans trop d’encombres. SU, oui, car c’est un SAVOIR, malgré les imprévus toujours possibles. Votre voyage  » à l’aventure » était donc on ne peut mieux préparé. La (les) preuve(s): vous allez « nous » rentrer entiers.

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