Plaidoyer pour les photos de calendrier
La lumière sur cette ultime randonnée de l’année était celle d’un premier jour, neuf, pur, amical et prometteur.
Plus tôt, en janvier, cette lumière à découper les paysages nous avait offert le Fitz Roy, puis la pampa argentine dans sa formidable longueur, et aussi les dernières cordillères chiliennes baignant le détroit de Magellan.
En février elle nous avait détaillé les nuances des sables de l’Atacama, puis, inondé en mai le jardin de Salvador Dali à Cadaquès. En juin, elle nous avait cajolés sur les plages dorées de Houat et de Belle-Ile. En juillet, à la fraîche, elle avait joué pour nous sur les parois du Mont-Perdu et sur les terribles pentes du GR11 espagnol.
En octobre nous l’avions retrouvée sur les cimes volcaniques de l’ile de La Palma, puis au très grand large sur les ailes déployées d’un albatros, et enfin plongeant dans les vertes vallées de l’ile de San Antão , tout à l’ouest du Cap-Vert.
Ici, ce 30 décembre 2015, au dessus du hameau de Mandailles, dans la montée vers le très cantalien Puy Chavaroche, la lumière dévalait des profondeurs du ciel et laissait éclater la blancheur des arbres tortueux et nus de l’hiver, allumait le sol de feuilles rousses, tranchait les ombres à vif.
Nous communiions à nouveau avec la lumière, comme nous l’avions fait cette année avec tant de chance dans tant d’endroits du monde. Avec le sentiment qu’aucun être humain ne puisse en éprouver et en partager la fascination. Pourquoi alors un tel retour de la haine dans cette année désastreuse? Mondialisons le goût du beau plutôt que de l’abject!
Encore une fois le déclencheur de notre compact fut pris à témoin. Comme pour prouver le merveilleux de cet instant. Transférant le lendemain ces clichés à l’écran, quel étonnement de découvrir de splendides photos de calendrier !
De ces superbes calendriers de photos si bien léchées, aux parfaites vues d’automne, aux chalets transformés en dômes de neige, aux montagnes hiératiques, aux lacs profonds, aux châteaux de contes enfantins etc.
Et alors? Vive les photos de calendriers ! Que 2016 nous en donne à voir ! Pourvu qu’on garde le regard frais, sincère, car ils existent bien ces sous-bois feuillus, ces châteaux magiques, ces chalets neigeux, ces cimes dantesques, ces oiseaux planant sur les océans, qui suivent, indolents compagnons de voyage, le navire glissant sur les gouffres amers, à nous de savoir les voir, idéalement de les partager.
Très bonne année 2016 !
