De Banyuls à Llivia, dixième et ultime étape, petite leçon d’histoire-géo en Cerdagne

Dixième et dernier jour  de randonnée non stop sur ce parcours très accidenté, avec nos sacs de 12 kg bon poids, les jambes ont changé, devenues plus dures au mal, les courbatures oubliées depuis longtemps. Fatiguées, oui sans aucun doute. Tiendrions-nous s’il fallait continuer? Oui, mais nous ne sommes pas malheureux d’effectuer aujourd’hui notre dernière étape, la seule  presque plate du périple, au cœur de cette Cerdagne insolite.

Je ne sais  pas comment les géographes décrivent la Cerdagne. Je me risquerai à la présenter comme une large vallée d’altitude, perchée entre 1200 et 1500 mètres, qui ouvre les Pyrénées en diagonale, établissant un large couloir de circulation entre la France et l’Espagne. Placée à l’extrême sud de la France, partagée à 50/50 avec l’Espagne, abritée de tous côtés par de hautes montagnes, la Cerdagne bénéficie d’un climat exceptionnel, très ensoleillée sans être aride. Un monde à part, presque insulaire, quoique sans la mer.

Notre étape surprend. Nous quittons Err pour rejoindre Llivia à la mi-journée, puis ensuite Latour de Carol, tout proche, où nous prendrons le train. Or Llivia est une enclave espagnole en territoire français, donc nous allons à nouveau passer en Espagne, pour en ressortir aussitôt, pfuitt! Dans cette vallée catalane la frontière s’estompe, quand elle est si nette sur les lignes de crête.

Cette bizarrerie résulte du traité des Pyrénées qui soldait la guerre de trente ans entre la France et l’Espagne, une somme de rectifications de frontière au profit de la couronne française, celle de Louis XIV, depuis la Flandre jusqu’aux Pyrénées. Nous nous promenons aujourd’hui dans un manuel d’histoire et de géographie, on sera bon à la rentrée des classes. Histoire jamais finie quand nous voyons partout côté espagnol les drapeaux catalans.

Les champs de blé sont magnifiques, archétypiques, inondés de soleil, ondulant sous la brise de juillet, sur fond de sommets tous proches. Au bout du chemin se profile la colline sur laquelle Llivia s’appuie. Nous nous y rendons avec l’assurance de ceux qui ont laissé le plus dur derrière eux, seulement préoccupés de trouver là-bas un bar à tapas, pour y marquer le terme de notre aventure.

Nous ne le trouverons pas vraiment ce bar, mais un resto sans façons, remplis de travailleurs et voyageurs de commerce français, venus profiter du copieux menu à dix euros. Ils y passent deux heures insouciantes, loin de leur employeur, apéro, litre de vin espagnol, par personne s’entend, pousse-café pour les plus courageux, avant de quitter l’accorte serveuse et de reprendre le volant vers un dur labeur. Un régime qui contraste avec le nôtre, exagérément frugal ces derniers jours.

Llivia quittée, nous rentrons définitivement en France via une frontière transparente, pour rejoindre Latour de Carol, et y consommer nos deux dernières heures sur un banc de bois SNCF.

Le train est direct Paris. Train de nuit, deux boules Quiès, un cachet de somnifère, une nuit presque parfaite. Gare de Lyon.

Finito, terminado, the end, hasta la próxima vez! C’était bien, c’était chouette cette rando.

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Jean ARAGO

très beau périple, les photos sont toujours magnifiques. Avec Claire nous avons suivi votre chemin. Donc pour cette année c’est fini. Dans la suite de votre balade avertissez-nous quand vous arriverez à BTZ pour que l’on puisse vous y accueillir.

Bon retour et encore merci d’avoir partager votre randonnée

Claire et Jean

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