El Fitz Roy es una diva
El Fitz Roy es una diva.
Il y a une semaine nous avons posé nos roues en Argentine et piqué au 180°, plein sud vers le Parque National Los Glaciares, par la Ruta 40 . Etrange route que cette route 40. Quand la carte Michelin nous disait asphalte, nous avons rencontré de la mauvaise piste. Quand elle nous disait piste nous avons eu une superbe route asphaltée. Partout un désert aride, oppressant. Personne. Pas d’essence. Pas d’eau. Rien.
Seule animation, nous croisons de temps en temps quelques guanacos et des portées de petites autruches. Comment font-ils pour survivre ici ?
Nous faisons les 600 kilomètres entre Los Antiguos et El Chalten d’une traite faute de trouver un lieu où faire une étape intermédiaire. Il y a bien le bourg de Gobernator Gregorio, une espèce de milieu de nulle part argentin, mais l’ambiance post-atomique de l’endroit nous fait fuir aussitôt le plein d’essence effectué. Lorsqu’en toute fin de journée nous voyons apparaître le massif montagneux qui domine El Chalten, nous éprouvons un soulagement.
El Chalten, Chamonix en herbe folle, Mecque du backpacker, au pied du Fitz Roy s’il vous plait! Un peu foutraque, avec son urbanisme chaotique, ses constructions disparates, sa centrale électrique en container, mais de nombreux hôtels, auberges, B&B, alojamentos, camping zéro étoile… tout le vocabulaire de l’hébergement y est décliné. Nous arrivons sans réservation, en pleine période de fêtes, vacances de noël et vacances d’été confondues dans ce monde à l’envers. Bref tout est plein … sauf qu’on déniche une chambre grâce à la débrouillardise des hôtesses des hôtels. Elles se passent des coups de fil énergiques et cela s’arrange. Merci les filles argentines.
Notre programme est simplissime : voir sa majesté le Fitz Roy et son concurrent le Cerro Torre. Or ces deux monuments ont la réputation méritée de se cacher le plus souvent derrière ou au-dessus d’un épais rideau de nuages. J’entends dans la rue quelqu’un dire « El Fitz Roy es una diva ». C’est juste. Une diva réserve ses apparitions autant qu’elle les soigne. Elle ne se livre pas à n’importe qui, ni à n’importe quel prix ! Elle est surtout capricieuse. Le Fitz Roy a les caprices de la météo patagonne, bougonne.
Il nous faudra attendre cinq jours pour que le Fitz Roy se dévoile. Quel suspense ! Et quel spectacle ! Unique ! Même scénario pour le Cerro Torre, fantastique aiguille, inouïe de finesse. Surmontée d’un énorme pochon de glace. C’est lui que nous verrons émerger en premier des nuages. Bernadette Soubirous en eût été à terre.
Nous avions lu autrefois le récit dramatique de la première ascension du Torre par l’italien Cesare Maestri. En voyant cette silhouette anormalement effilée on se dit ces gars là étaient vraiment prêts à tout, à y mourir aussi. Quant au Fitz Roy, ce sont les français Lionel Terray et Guido Magnone qui firent sa première. Terray, un type extraordinaire, un des grands oubliés de l’expédition française de l’Anapurna où Maurice Herzog spolia ses compagnons du succès (contesté).
Dans ces cinq jours nous verrons de splendides glaciers, le Viedma qui descend du Campo Hielo jusqu’au grand lac Viedma, le glacier du Cerro Torre, très large qui s’abat aussi dans un lac et enfin le glacier du Fitz Roy, dont les aiguilles de glace forment la Piedra Blanca. Ici les aiguilles de glace s’avancent pour effectuer un saut périlleux vers leur destination finale. Des glaciers vivants qu’on entend craquer continuellement, et dont on voit les débris dériver dans les lacs jusqu’à sculpter des monstres de cristal.
Entre le Cerro Torre dans le lointain à gauche et le Fitz Roy, une nouvelle aiguille?
Et maintenant nous reprenons la route vers le sud … mais cela ne s’arrête jamais ce sud ???
Hasta luego!
Bonne et heureuse année dans ce cadre somptueux, Claire aimerait bien un morceau de ce glacier turquoise.
Nous vous suivons pas à pas dans cet environnement majestueux et incroyable. En plus de la géographie nous apprenons aussi le nom des géants de l’alpinisme…à quand « la voie Garnier » soyez prudents !
bonne route Claire et Jean
Merci de vos précisions et souvenirs de montagnards avertis! On ne peut pas contempler ces sommets sans avoir une pensée émue pour les gens qui s’y sont risqués.
Quelle fin (et début) d’année! ON VOUS ENVIE. Nous vous souhaitons encore une bonne tricentaine de bonheurs comme ceux-là pour 2015.
Et ce « conquérant de l’inutile » qu’était TERRAY, quel sportif, et quel Homme!
Petit souvenir lourd de sens: le gymnase où j’ai longtemps « officié » à Antony avait été baptisé « Lionel Terray ». Bel hommage (le suivant, à Epinay-sur-Orge, c’était « Georges Pompidou ». Sans commentaire).
PS: hasta luego, c’est quand même autre chose que le « A+ » des trop pressés. Bonne suite.
Bonjour Catherine et Philippe,
Meilleurs vœux également à tous les deux pour 2015, mais je vois que l’année démarre en fanfare : superbe Fitz-Roy. Etant jeune, je me souviens avoir dévoré la lecture des exploits de Lionel Terray, dont cette première au Fitz-Roy. Par ailleurs, j’ai lu au moins 3 fois Annapurna premier 8000, au moins dans le livre Maurice Herzog y souligne les grands talents d’alpiniste de Lionel Terray, Gaston Rebuffat et Louis Lachenal, qu’il n’hésite pas à considérer comme supérieurs au sien.
Yoland
Magnifique c est bien d avoir emmene toutes ces cartes postales.
Bonne annee