Sur le GR11 espagnol, de Luchon à Gavarnie, au sud du Mont Perdu

Nous entretenons avec les Pyrénées des relations passionnées, voire tumultueuses. Depuis trente ans, presque chaque année, nous y avons élimé nos Vibram® et mouillé nos Goretex®, très souvent sur la HRP (Haute Randonnée Pyrénéenne), très rarement le GR 10, et, beaucoup plus encore sur des boucles savamment programmées dans le dédale des chemins, des traces, des cols franchis au cap et à la carte. Nous en avons goûté tous les massifs, français comme espagnols ou andorrans.  … Longtemps nous y avons adoré la montagne d’un éternel beau fixe, offrant ses merveilles à chaque étage,  rhododendrons exubérants et pelouses au premier, pierriers rugueux et lacs secrets au second, puis névés, glaciers agonisants et sommets au troisième. Cette illusion se dissipa avec une série d’étés médiocres, nous fracassant des orages énormes, nous abreuvant de pluies à tordre sac, tente et slip, nous enveloppant de brouillards opaques pour mieux nous perdre. Cette série s’acheva dans une chute de quinze mètres et quinze fractures, mais encore suffisamment en vie pour garder le goût d’y retourner ressoudé.

Cet épisode regrettable, associé au temps qui passe, nous conduisit toutefois à une adaptation. Nous tachons maintenant de rester sur des itinéraires balisés, et nous prenons aussi la météo avant qu’il ne pleuve ou ne neige, pour, en prime, en tenir compte. Mais comme le principe de précaution dicte de ne pas sortir de son lit, de telles résolutions pouvaient nous entrainer à mourir d’ennui sur l’autoroute du GR10, l’œil rivé aux balises à deux gros traits, de refuge bondé en refuge surpeuplé, arrachant un bonjour crispé à chaque croisement d’une autre victime du sentier… Le projet un peu désordre de s’appuyer sur le GR11 espagnol, pour, d’année en année, joindre la Méditerranée à l’Atlantique, se forma.

Balisé, en principe. Décrit dans plusieurs guides, en principe. Peu fréquenté, sauf lorsqu’il traverse les grands spots, Aigues Tortes, Maladeta, Posets, … voire inquiétemment désert sur ses marges catalanes ou navarraises. Espagnol, mais plus encore catalan, andorran, aragonais, navarrais et basque, il applique un prisme régional à la montagne et dépayse à la vitesse du randonneur. Mais du costaud ! Du lourd ! Des cols, des cols et encore des cols. Entre les cols des vallées profondes, profondes. Dans ces vallées des hameaux et des villages d’un caractère bien plus trempé que du côté français.

Sac au dos, avec tout le matériel de bivouac, tente, ravito, etc. la seule voie pour faire corps avec le milieu, s’endormir dans le bruit du torrent, se réveiller au cri aigu de la marmotte, et fuir les refuges anonymes, les ronfleurs, la guerre des douches, les farfouilles nocturnes de sacs plastiques qu’on enfile dans des sacs plastiques.

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