A la Martinique, le contact avec le tropique est rétabli

Nous avons quitté la métropole sur cette petite neige mouillée dont la froideur torve surprend. Pour troquer des degrés de latitude contre des degrés Celsius. En effet, ici, à Sainte-Luce, aprés les grains de la nuit, c’est la douceur de l’aube qui nous choie, puis la chaleur avec ce soleil qui escalade fort vers le sud.

Nous tournons résolument le programmateur sur la position vacances, vacances d’été en janvier, plage idyllique dont le charme absout les chairs flétries qui s’y déballent, nage libre en eau de mer, piscine, ballade dans la forêt de Montravail (!), que dominent les mahagonis, acajous des antilles, et les fromagers, puis ti-punch bissé dont le rhum est extrait au robinet d’un cubi, avec nos hôtes, Lulu, maîtresse-femme créole, et Dédé, son mari métro nounours, sans compter le déluré Gégé qui quadruple la mise, au mépris des quatre-vingts balais de son foie.

Mais trêve de la phrase trop longue, alourdie d’appositions qui digressent, et tant pis pour la regrettée Gigi qui eût pourtant mérité sa mention.

Sans en avoir l’air, nous jaugeons la force du vent car on aura bientôt affaire à ce zigoto, ami ou ennemi, dès que l’on sera à bord de notre sloop. Quinze à vingt noeuds pour le moment, on le pressent limite maniable, amical sur la hanche, mais vindicatif aux allures rapprochées.

De notre terrasse nous jouissons, par dessus un paysage luxuriant, d’un coucher de soleil totémique, le disque solaire s’enfonce comme un ballon dans la cage des monégasques, plein centre dans le passage à terre qui sépare le rocher du diamant de la femme couchée, ornement de la pointe sud-ouest de la Martinique. Dans la forêt toute voisine les grenouilles, ces rappeuses du neuf-sept-deux, entament d’un même coassement leur choeur vespéral.

Le contact avec le tropique est rétabli.

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