Voyage au centre
A rebours de nos grandes virées au-delà des océans, nous faisons un retour à l’intérieur de la France, dans les profondeurs de la ruralité, remontant aux racines qui nous ont constitué.
Cette fois nous sommes à vélo pour quelques jours, pédalant entre Nivernais et Morvan, plus précisément entre le canal du Nivernais et le Mont Beuvray sur la crête du Morvan.
On y saisit des briques essentielles de l’histoire de France, de la plus récente avec la passion de François Mitterrand pour Chateau-Chinon, à la la plus ancienne avec l’oppidum de Bibracte où Jules César rédigea la Guerre des Gaules durant un long hiver, mais aussi la plus industrieuse avec le canal du Nivernais, joignant Loire et Seine, construit au profit du bois de chauffage du Morvan.

Le canal du Nivernais relie sur 174 kilomètres la Loire à l’Yonne, en amont de la Seine. Le chemin de halage est maintenant parcouru d’une belle véloroute. Le coup d’œil est magnifique mais la randonnée devient vite lassante, trop plate, trop monotone, trop droite, les jambes y meurent d’ennui.

Le long de la petite route qui longe les gorges de l’Yonne nous croisons le pont-aqueduc de Montreuillon qui porte la rigole d’Yonne. Cette rigole dérive une fraction de l’Yonne pour la déverser dans le canal du Nivernais en son point le plus élevé, assurant ainsi une part de son alimentation en eau. Superbe ouvrage d’ingénieur, ainsi que l’ensemble du canal du Nivernais avec ses cent-dix écluses et ses cent-dix maisons d’éclusiers.


Nous avons la surprise de découvrir à Chateau-Chinon une fontaine Nikki de Saint-Phalle. Elle tranche résolument avec les vieilles pierres austères de la ville. Dans cette bourgade rurale cernée de charolaises il fallait l’audace et la double vie d’un président de la république pour imposer une telle excentricité.
Malheureusement la merveilleuse mécanique de Jean Tinguely a été délaissée et l’animation ne fonctionne pas. C’est extrêmement regrettable !


Au Mont Beuvray, rejoint à vélo, une autre découverte à tiroirs … Tout d’abord le splendide musée de Bibracte, consacré à l’oppidum du même nom. Nous ignorions tout de cette histoire fastueuse, comment les Eduens se sont établis sur ce sommet du Morvan dans une véritable cité. Riche, moderne et didactique ce musée introduit à la visite du site, par une côte redoutable à vélo.

C’est Napoléon III qui, pour écrire son Histoire de Jules César lança des recherches pour retrouver les sites d’Alésia, de Gergovie et de Bibracte, mentionnés par le général romain dans son célèbre ouvrage La Guerre des Gaules. Depuis son abandon le site oublié de Bibracte avait disparu sous la forêt, à la façon des anciennes cités Mayas recouvertes par la jungle. Des programmes de fouilles très importants continuent de se dérouler au Mont Beuvray, une véritable école d’archéologie. Il faut y aller !

En reprenant la route nous sommes touchés par le clin d’œil des animaux paisiblement installés sur les bords, plutôt que par celui des humains, cramponnés à leur volant.


Un attrait de la région réside dans ses constructions anciennes, bâties de vieilles pierre et d’une élégante architecture. Beaucoup de manoirs et de châteaux au détour d’un virage, au flanc d’une colline, qui, sous le soleil, vous donneraient envie d’un rendez-vous dans une agence immobilière. Avant que le réel ne vous ressaisisse : qu’y faire quand la pluie reviendra ?


Ici notre route s’achève, avec l’ambition de revenir pour parcourir, à pied cette fois-ci les chemins pèlerins, un itinéraire de randonnée en huit étapes entre Vézelay et Autun, traversant le Morvan du nord au sud.


Hasta la Vista !