Au Cerro Paranal, le « Very Large Telescope »
Après San Pedro de Atacama, nous traversons une région minière au nord du Chili, peu réjouissante entre paysages dévastés et pollutions tous azimuth. Nous atteignons la grande ville d’Antofagasta au bord du Pacifique, en plein boom minier.
Mais notre voyage a ici un objectif, la visite au plus grand observatoire au monde en lumière visible, le « Very Large Télescope ». Le VLT a été construit par l’ESO au sommet du Cerro Paranal, dans le désert de l’Atacama, à une centaine de kilomètres au sud d’Antofagasta. L’ESO (European South Observatory) fédère les pays européens pour la réalisation et la gestion de grands observatoires dans l’hémisphère austral.
Le VLT comporte en réalité 10 télescopes, dont 4 très grands télescopes de 8,20 mètres de diamètre. Ces instruments permettent de distinguer un homme sur la lune … si l’un vient à s’y aventurer. Mais ce n’est pas l’objet de ces instruments que de regarder vers la lune. Trop facile! Photographiés en noir et blanc, ces télescopes perchés dans l’azur ont un air de science-fiction.
Simple visiteurs, nous avons la chance de pénétrer au cœur de ces fastueuses machines et de s’y extasier … miroir principal dont la surface concave est façonnée au nanomètre près, miroir secondaire qui renvoie l’image recueillie vers les instruments d’analyse, instruments d’analyse placés sur le côté du télescope, pistons de réglage de l’optique active … on ne doute pas que vous vous extasiez aussi !
La salle de contrôle pour se projeter quelques instants en chercheur épuisé par les nuits consacrées aux observations et les journées consacrées à l’analyse des observations. La vraie vie des astrophysiciens !
Leur but est de regarder au-delà de la Voie Lactée, pour observer les galaxies, notamment celles qui sont aujourd’hui au fin fond de l’Univers, dont on observe la lumière émise il a plus de 10 milliards d’années, à une époque ou l’Univers était très jeune. Mais regarder aussi dans la Voie Lactée, pour analyser les objets qu’elle contient. Par exemple y détecter les exoplanètes. Mieux, celles qui ressembleraient à notre Terre. Ou encore scruter le centre de notre galaxie à 30000 années-lumière, derrière d’infinis nuages de poussière interstellaire.
Avec le VLT les chercheurs ont mis en évidence l’existence d’un trou noir supermassif au centre de notre Voie Lactée. Cet objet, Sagittarius A*, a une masse l’ordre de 4 millions de fois la masse de notre soleil. Un trou noir qui absorbe toute la matière qui passe à proximité, si massif qu’il engendre une force de gravité empêchant même la lumière de s’en échapper. Pour cela le VLT a observé pendant plus de 10 ans le centre de la Galaxie et le mouvement des étoiles autour du noyau central …Pour illustrer une image de la très photogénique nébuleuse de la Carène, publiée par l’ESO.
Le Chili détient le record du nombre de grands observatoires, tous situés dans cette région. Altitudes élevées, air sec, ciel nocturne dégagé plus de 300 nuits par an, cela fait beaucoup d’atouts. Un risque pourtant avec les tremblements de terre, terribles. Mais l’Europe peut être fière de son action ici, avec le VLT, mais aussi le tout récent radiotélescope ALMA près de San Pedro, hélas non encore visitable. Et puis un nouveau télescope extrêmement puissant, l’EELT, de 39 mètres de diamètre, qui sera mis en service à une vingtaine de kilomètres du Cerro Paranal, en 2022 …
Dernier regard vers l’endroit qui abrite les astrophysiciens lors de leur séjour. Souterrain, sous un dôme qui va bien dans ce lieu post-moderne, …
Hasta luego