Randonnée de Banyuls à Llivia, étape 1, cap plein ouest
Le selfie sur la plage de Banyuls, en gage donné à la narcissique modernité, sac gonflé et chaussures impeccables, c’est l’immanquable du départ. Nous sommes au seuil d’une nouvelle aventure dont on ne sait encore rien, sinon le principe d’un long trait désordonné sur trois cartes au 1/50000ème à parcourir pour rejoindre la Cerdagne dans dix jours, via le GR10 français puis le GR11 espagnol.
Ce qui compte à cet instant c’est le désir d’y aller, la disponibilité, l’envie de sensations et de découvertes. Nous traverserons une infinité de tableaux façonnés par la nature, par l’homme aussi, dans la lumière du moment, des conditions si variées que chaque instant nous offrira une expérience originale, totalement nouvelle, inoubliable.
Nos intentions, issues de l’étude des cartes et des guides, vont bientôt se confronter aux rudes réalités du terrain, entre la brutalité des pentes, le sentier qui disparaît, la chaleur accablante ou encore la violence de l’orage qui franchit traîtreusement la crête. Notre ligne d’univers croisera bientôt celles de taureaux susceptibles, de fleurettes aux couleurs saturées et de randonneurs endurcis. Là-haut et là-bas nous serons extraits de notre habituel quotidien, jusqu’à l’occulter complètement, dans une expérience où le réel s’exacerbe.
Par chance nos jambes et notre souffle, nos seules ressources, sans artifice, nous permettent une nouvelle fois cette aventure, cette liberté, d’étonnements en étonnements, ces vues d’avion sans avion, ce safari sans 4×4 ni barrissements en doublage, ces sources d’eau fraîche sans réfrigérateur, ces efforts gratuits, sans incentive autre que notre simple plaisir.
Cap à l’Ouest, cap là-haut, direction les Albères, en embouquant le GR10 pour ces premiers jours.
Cela donne des idées ; on a l’ impression que vous étiez au balcon pour contempler deux pays à la fois ; j ai découvert que Llivia est une enclave espagnole et que le cap Bear est un diverticule comparé au cap Creus
Les Albères, je connais. C’est magnifique et il y a Collioure où saluer Machado.