De Banyuls à LLivia, étape 7, à la recherche des balises disparues
Aujourd’hui, des hauteurs de Beget à Setcases, nous perdons complètement le chemin à trois reprises. Les randonneurs chevronnés apprécieront. Sans doute notre responsabilité est engagée … oui, mais nous plaidons les circonstances atténuantes, les balises foutraques.
Lorsque nous quittons le gîte avec Julie, c’est plein d’énergie et de discussions animées sur la fiesta nocturne. Quand nous constatons l’absence de balises, le dilemme est classique : retourner sur nos pas ou improviser une variante. Julie opte pour la première option, nous pour la seconde.
Nous recollons au sentier au bout d’une heure. Peu après les balises disparaissent à nouveau, la peinture des marques s’estompe, l’herbe devient très haute, les sentes d’animaux se multiplient, et plus rien. On poursuit au cap, traversant vallons et prairies, ça passe. On traverse un dernier vallon noyé de végétation, et l’on retrouve des balises, direction Mollo. Nous retrouvons Julie dans un bosquet.
Dans le lointain, vers le nord, les premiers sommets tutoyant les 3000 mètres se profilent, altiers, tranquilles, ils nous attendent sans s’émouvoir. Nous y serons demain.
A Mollo, nous faisons cette fois un vrai ravitaillement, saucisson, fromage, pain. Pas compliquée la liste de courses. Nous prenons le temps d’un Fanta citron avec Julie, à vrai dire, elle, un café. Elle nous pose la question qui lui brûle les lèvres depuis deux jours, et dont elle craint terriblement la réponse. « Did you vote for Emmanuel Macron, I mean not for Le Pen ??? » Nous lui répondons que nous avons voté pour la France éclairée, Emmanuel Macron, Le Pen is a shame ! Julie respire ! Elle craignait tant l’autre réponse. Elle a suivi la campagne française heure par heure. Chez elle, à Trèves, on est allemand, mais aussi quelque peu français. Charlemagne notre parent commun est si proche. Une partie de sa famille est française, établie en Lorraine.
Au départ de Mollo cette fois-ci les marques rouge et blanc sont bien nettes, repeintes de frais, signalant le seul GR reporté sur la carte, la direction est bonne. Nous dissertons élections, bien guidés par les balises. Une heure plus tard, nous avons la sensation d’être déviés dans un peu vers l’Est, une bulle d’inquiétude émerge dans nos esprits déconcentrés. Un point GPS+cartographie révèle que nous sommes déjà à trois kilomètres dans l’est de l’itinéraire. Crénom de b… de m… !!! Un seul GR sur la carte, des balises claires et nettes, et on est out of the path ! Que se pasa ?Le dilemme de ce matin se représente, rebrousser ou pousser, genre to be or not to be. Nos choix s’inversent. Julie opte pour s’enfoncer droit dans la forêt, face à la pente, elle a repéré un chemin sur son GPS à trois balles, elle y va. Bof, bof, pensons-nous, cette fois-ci nous, on rebrousse, et on coupera vers le GR11 en terrain dégagé plutôt qu’à l’aveugle. Ciao Julie, and good luck, take care.
Une bonne heure plus tard, cinquante barbelés franchis, nous recollons au GR11, ce que l’on voit bien sur le GPS. Mais ici zéro balise, nada balise en castillan! Quand même, chers amis catalans et castillans, à la fin c’est pareil, mettez donc vos balises sur le GR11, et non pas sur je ne sais quel fichu itinéraire foutraque même pas sur la carte … parole de randonneur français à la pensée aussi claire qu’universaliste, n’en déplaise aux chevilles.
Magnifiques paysages, personne, une ou deux vaches à l’œil triste comme toutes les vaches, mais la pluie fine revient, qui mouille son randonneur comme sa randonneuse. Très grande traversée, puis traversée interminable, et encore un joli bout de traversée, enfin un bon bout de traversée, avant de descendre enfin tout schuss vers notre destination, Setcases.
Nous y arrivons tout de même assez fourbus, contents, mais fourbus. Nous avisons le premier hôtel. Les propriétaires nous attendent ! Julie est déjà arrivée. Elle a prévenu qu’un couple de français fourbus allait probablement arriver. Cette Julie tout de même, elle a traversé la forêt, sans repères, sans carte et avec son seul GPS pour gamin, nous qui la voyions déjà hachée menue par les ours, elle nous a mis au moins une heure !
Belle soirée, quoique conjecturant sur la météo du lendemain. Le temps a changé. Orages violents sur la France. Demain, les orages arriveront dans l’après-midi sur les Pyrénées orientales. Or demain est l’étape la plus montagneuse de notre périple, avec deux à trois kilomètres exposés sur une crête à 3000 mètres. Aussi nous négocions avec le propriétaire de l’hôtel qu’il nous fasse franchir les six kilomètres de route du départ, sans intérêt, qui nous séparent du départ réel du GR11 vers Nuria.
Rendez-vous demain 6h30.
Au fil des étapes marquées par la soif et la ´´semi perdition ´´ on se dit que ce périple est finalement bien plus amusant à lire qu’a faire ! On attend la prochaine avec impatience .