De Banyuls à Llivia, étape 8, gros temps sur la crête
Le ciel de notre randonnée a mal tourné ces jours derniers. Après notre départ sous un soleil absolu, les Pyrénées ont retrouvé leur caractère fantasque. Il faut maintenant jouer fin pour passer entre les gouttes, reprendre le bulletin météo, repenser la stratégie.
Mais la stratégie ne vaut rien sans une bonne exécution. Aussi nous sommes au rendez-vous de 6h30, sacs au dos, sous un ciel bien dégagé ce matin. Il faudra rejoindre la ligne de crête vers 9 heures et être descendus sur Nuria avant midi, un gros passage orageux est prévu cet l’après-midi.
Notre chauffeur, moyennant une rétribution conséquente, est également prêt au volant de son Defender vintage. Nous roulons jusqu’au parking Ull de Ter, qu’un refuge surplombe d’une centaine de mètres. Il est sept heures, un voile nuageux s’amorce, rien de menaçant.
Nous montons rapidement vers le refuge, atteint en une vingtaine de minutes. Le ciel s’assombrit, sur fond de roulements sourds dans le lointain. C’est orageux sur la France. Rien de menaçant, nous sommes protégés par deux barrières de montagnes élevées. Ici la météo est bonne pour ce matin.
Nous dépassons le refuge et continuons à nous élever dans la pente, avec quelques autres randonneurs. Nous voyons maintenant la crête, à environ 600 mètres au dessus de nous. Il est 7h30, le ciel s’assombrit nettement, de gros nuages débordent de la crête. Cela commence à devenir menaçant, mais on s’accroche à notre météo, pas d’orage prévu avant cet après-midi.
7h45, le ciel devient noir, la foudre semble avoir passé la frontière sans aucun contrôle. 7h50, les nuages accélèrent franchement, il commence à faire nuit. 7h55, la grêle s’abat de notre côté. 8h00, déluge de grêle, rafales, la foudre claque de partout. Nous n’avons même pas eu le temps d’enfiler nos vestes … Catherine a déjà fait demi-tour avec Julie, elles courent tout schuss dans la descente vers le refuge, je ne les pensais pas capables de courir aussi vite.
Je mets ma veste car prendre les grêlons de plein fouet, c’est franchement désagréable. Je cours à mon tour, à bloc. De gros floc floc se produisent sous la foulée.
Pas de photos dans ce sauve-qui-peut!
8h10, nous atteignons le refuge tandis que la pluie succède à la grêle, ouf, nous sommes à l’abri. Complètement trempés par un seul quart d’heure d’orage. Déshabillage intégral, on change tout, sauf les chaussures faute de remplaçantes, puis on attend la suite. L’ennui pointe aussi vite que l’orage s’éloigne.
Vers dix heures la pluie s’estompe au profit d’un ciel nuageux. On ne va pas moisir ici toute la journée, il n’y a pas plus rasoir que le désœuvrement dans un refuge. Nous repartons avec Julie, rassurée de ne pas être seule, avant de remonter vers cette crête ennuagée.
La randonnée redevient presque normale. Nous rejoignons un plateau, puis le col d’accès à la crête, dans les nuages. Sur la crête les passages exposés sont balayés par un vent violent. Par chance, c’est très bien balisé, nous n’avons pas de risques de nous perdre malgré une visibilité nulle ou médiocre. Le GPS bien allumé, nous collons à l’itinéraire. C’est très beau, fantomatique à souhait, ma grand-mère aurait dit tonique, elle qui n’a jamais franchi les limites de son jardin.
Nous atteignons le col de sortie de la crête. Des croix de fer torturées par les vents y sont installées, terriblement lugubres.
Nous descendons vers Nuria, village d’une curieuse apparence vu d’en haut avec de très grands bâtiments disposés à angle droit. Nous l’atteignons en début d’après-midi.
Il s’agit d’un sanctuaire, haut lieu de pèlerinage, qui ne s’atteint du fond de la vallée que par un funiculaire. Une Mecque pour catalans, sans doute tenus d’y aller une fois dans leur vie. A l’origine il y avait un monastère ici. Aujourd’hui c’est un vaste complexe hôtelier organisé autour d’une église semi contemporaine. Un mélange de genres qu’il n’est pas évident de saisir.
La pluie a repris. Nous passons l’après-midi à l’hôtel à sécher au sèche-cheveux nos vêtements, nos chaussures, nos sacs, etc. Demain sera un autre jour.
Toujours aussi vivant. Bravo Philippe ; c’est un vrai film ou plutôt une vrai série télé dont on attend avec impatience l’épisode suivant…