Notre ascension du Nevado del Tolima, 5220 mètres

Les plus hauts sommets de la Colombie s’élèvent à plus de 5000 mètres. Une nouvelle chance d’aller nous y confronter. Les possibilités néanmoins ne sont pas immenses car l’accès aux sommets est limité par les risques d’éruption ou encore par les populations indigènes qui en interdisent l’ascension.

Le Nevado del Tolima, situé dans le PNN Los Nevados, au cœur de la cordillera centrale, est accessible. C’est un volcan inactif, d’une forme parfaite, recouvert à son sommet d’un splendide glacier. L’altitude est de 5220 mètres, un joli challenge car le point de départ est seulement à 2300 mètres. Le trek aller et retour s’étale sur quatre jours très denses, avec 5000 mètres de dénivelé positif, dont les 3/4 au dessus de 3500 mètres.

Les deux premiers jours nous montons avec notre guide Gabriel vers le « camp de base » que nous installerons à 4400 mètres, avant de nous élancer vers le sommet.

Le changement continu de la végétation accompagne notre marche. Au départ se trouvent ces impressionnants palmiers colombiens, arbre national, qui élève son plumeau de palmes jusqu’à 50 ou 60 mètres. Nous traversons la forêt andine, pour déboucher sur le paramo vers 3600 mètres. Nous y retrouvons les frailjones.

Le sommet apparaît au même moment à l’horizon. Une nuit en finca/refuge sommaire, et direction le camp de base. L’allure devient difficile au-dessus de 4000 mètres. On passe la première, mais la seconde ne suit pas! Pas grave, même doucement, despacio, on avance. Lorsque nous plantons la tente amenée par les mules, la pluie commence à tomber, puis de plus en plus fort.

Pas facile de préparer tout notre équipement du lendemain dans cette tente exiguë, sous la pluie, sans rien omettre. Réveil prévu à 2h30, départ à 3heures…

A 2h30, ciel dégagé, les étoiles sont magnifiques à cette altitude. Une couche de glace couvre notre toile. On y va!

Nous avons presque trois heures de marche dans la nuit, sur une moraine très pentue, mais confortable sous la semelle. La lune suffit à se repérer. L’allure est très lente, mais très régulièrement. Tout est sous contrôle. Un peu avant six heures nous débouchons sur la première vraie difficulté avec une barre rocheuse rendue glissante par la pluie et le gel.

Nous attendons le lever du jour pour repérer le passage. Pas évident car il faut emprunter une vire étroite en surplomb, pour retrouver un itinéraire accessible avec notre technique. 

Avec le jour la vue s’étend jusqu’au tristement célèbre Nevado del Ruiz. En 1985 une éruption de ce volcan avait provoqué la fonte de son glacier, enclenchant une avalanche de boue. La ville d’Armero située à proximité fut noyée, faisant 23000 morts. On se souvient de cette dramatique image d’une petite fille dont seule la tête dépassait de la boue. Elle n’y survécut pas.

Sur le Tolima, une forte odeur de soufre nous rappelle que nous sommes aussi sur un volcan.

Nous nous élevons régulièrement, lentement, lentement, jusqu’à rejoindre la bordure du glacier où nous pouvons chausser les crampons. Corde, piolets, le temps reste dégagé, on y va. On est à 5000, il reste encore un peu plus de 200 mètres de dénivelée.

La seconde difficulté technique est de franchir la corniche qui ceinture le plateau final du glacier. C’est impressionnant car le passage de cette corniche est en aplomb du vide. Pas question de s’emmêler les crampons. Tous ensemble!!!

Par chance l’état de la neige est parfait, ni dur, ni mou, ca accroche bien, on se hisse là-haut comme des pros, sous la conduite assurée de notre guide.

Sur le plateau final, à 5220 mètres, c’est pratiquement plat! On se croirait sur un terrain de football. Un léger voile nuageux nous prive d’une vue dégagée. Pas grave, il fait bon, on l’a fait, c’est vraiment super! Buena suerte!

Hasta luego!

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5 Commentaires
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marie

Félicitations et merci pour ce récits et ces photos qui m’ont tenue en haleine jusqu’au bout, le souffle court et le pied plus ou moins bien assuré.
Buena suerte, on attend la suite avec impatience.

agledel

Waouh ! impressionnant… je ne crois pas que je l’aurais fait… l’Amérique latine je la connais mais pas si haut et pas dans la neige….Hasta pronto amigos!

Anne

Impressionnant! Chapeau bas! Surtout quand on vit au niveau des flots!?

marcomarcheur

Fortuna audaces juvat !
Bravo !

Dupré

Bravo Vous nous impressionnez
Soyez prudents

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