Connaissez-vous Aquitania, capitale andine de l’oignon?

Pour nous acclimater à l’altitude, nous avons choisi de rejoindre la région du lac Tota, à environ 200km dans le nord de Bogota. Le lac se situe à une altitude de 3000 mètres, sa surface est le double de celle du lac d’Annecy.

Notre route depuis Bogota passe par Villa de Leyva, un bourg colonial très bien conservé. Le climat y est agréable, car nous sommes à seulement 2000 mètres et protégé des vents froids de la cordillère.

Beaucoup de voyageurs français déambulent ici, sur la très grande place pavée de gros blocs irréguliers, et dans les rues très fournies en restaurants. Un équivalent colombien de nos Cordes, Rocamadour, Saint-Guilhem …

Nous rejoignons ensuite en quelques heures de bus brinquebalant le lac de Tota.

Nous atteignons enfin le village d’Aquitania. Ici c’est un autre monde, tout sauf touristique. Nous entrons dans une Colombie profonde, andine et rurale, comme sur les gravures, les groupes de campesinos semant, sarclant, dos courbé pour récolter et transporter d’énormes bottes d’oignons.

Aquitania est sans conteste la capitale de l’oignon. Qui le sait? Partout les champs sont plantés d’oignons, cela va de soi, en d’interminables rangées … Partout des lignes d’oignons, dans les pentes, sur les replats, sur les rives, entre les maisons… comme la vigne à Meursault. Mais ici trois récoltes par an se succèdent sur la même terre, par la grâce d’un climat frais et humide que complète la sueur paysanne.

Sur la grand place d’Aquitania se dresse un monument kitchissime en hommage au campesino planteur d’oignon. Juché sur sa botte d’oignons, semblable à une botte de poireaux, il a fière allure.

Il reste cependant dominé par le grandiose Jésus de la cathédrale, qui fend les flots du lac sur un genre d’optimist.

Kitch pour kitch, un partout! Nous croisons ces campesinos dans les rues Far-West du pueblo. Couverts d’une ruana, dans cette région de Boyaca il est hérétique de dire poncho, coiffés d’un large chapeau, chaussés de bottes, moustache virile, ils acceptent notre buenos dias lancé d’un autre monde.

La culture de l’oignon, si éprouvante qu’elle soit, ne paye pas le paysan. Maisons misérables. Rues sales. Lavoirs plutôt que machines. Voitures rares, quand à Bogota elles prolifèrent, tandis que mules et chevaux de travail restent fréquents.

Nos hébergements ne valent pas mieux, froids, foutraques, bourrés de lits, mais bon, la curiosité a un prix.

Lorsque nous marchons dans les environs ce sont les colombiens qui nous lancent des buenos dias avides de curiosité. Et c’est parti: donde vienes? quanto hijos? Nietos? Paris!!! Nairo Quintana, conosces? Si, quel coup de pédale l’amigo Nairo!

Ils sont bien attachants ces campesinos!

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4 Commentaires
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Anne

Très bon reportage bien illustré, je m’y croirais! Je ne savais pas que les oignons de Roscoff avaient de la concurrence de ce côté de la planète!???

marie

Impressionnant ce Christ sur son frèle esquif. Il semblerait que le village d’Aquitania compte un campesino de plus.
Tout cela nous rappelle avec une certaine nostalgie, notre séjour dans les Andes péruviennes ( sans les moustaches viriles)

bernard

Effectivement lorsque l ‘on voit ce monument au centre de la place d’Aquitania on peut se demander si les créateurs n ‘avaient ingéré que de la soupe à l’oignon ..?
Et c’est aussi un peu la question que l’on se pose a propos de ce  » Campesino de Paris » accroché à son joystick  »made in Colombia  » dont le regard semble un peu lointain

lassaigne

toujours de belles images très bien commentées

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